Faillites, agendas vides,… et opportunités prudentes

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Le 23 mars, VOV, Stimulearning et Epsilon ont proposé une enquête en ligne qui a été remplie par 200 professionnels du Learning & Development en Belgique. Après une semaine de travail, les premiers résultats vous sont présentés dans cet article.  

Comme nous soupçonnions que les professionnels du L&D travaillant dans les entreprises allaient percevoir la situation – pour le moment en tout cas – différemment des professionnels et consultants indépendants en L&D, nous avons scindé les retours en deux groupes à part. Cette différence se marque déjà dans une première question sur la pression du travail : 85% des prestataires disent être beaucoup moins occupés, contre 30% du personnel interne du L&D. La plupart d’entre eux (95%) travaillent actuellement à domicile ; plus de la moitié (55%) y voient un avantage.

Depuis mi-mars, les rencontres “physiques” ne sont plus possibles. Les résultats nous permettent de conclure qu’entre 11 et 25% des formations ont été remplacées par une alternative.
Ce pourcentage est plus élevé pour les entreprises que pour les prestataires.  

Difficultés

Nous avons demandé aux répondants si la crise du Coronavirus leur avait surtout apporté des difficultés ou des opportunités.
Ici aussi, les deux groupes réagissent très différemment :

  • 63% du personnel interne du L&D voient principalement des opportunités,
  • contre 24% au niveau des prestataires.

Cela signifie que 76% d’entre eux voient principalement des difficultés. Il s’agit avant tout de problèmes financiers.

Les principaux retours font part d’agendas vides et de risques de faillite : “Notre chiffre d’affaires a été réduit à zéro euro” ou “2020 est fichue“. Un des répondants écrit : “Il y aura des effets à court et à long terme, je m’attends à l’annulation des formations / interventions en équipe. Nous pouvons proposer des alternatives en ligne, mais tous les clients ne veulent pas sauter dans cette opportunité. À long terme, je m’attends à ce que les conséquences économiques de cette rupture forcée entraînent la suppression d’un certain nombre de postes de coûts dans les entreprises. Malheureusement, le L&D est souvent l’un de ces postes. Je pense donc que nous allons ressentir cela jusqu’à la fin de l’année et peut-être même jusqu’au début de l’année prochaine“.

Les difficultés rencontrées par les professionnels L&D en entreprise sont principalement liées à:

  • des parcours d’apprentissage interrompus,
  • l’incertitude (planning ouverts, manque de prise de décision)
  • au manque de soutien pour les alternatives en ligne.

De plus, certains secteurs et certaines thématiques ne se prêtent pas bien à un trajet numérique : “Nous sommes une organisation dans le secteur de la santé. L’apprentissage à distance n’est pas possible parce que nos employés doivent être sur leur lieu de travail, chez nos clients. L’apprentissage formel n’est pas une priorité pour le moment. L’apprentissage informel est, bien sûr, important
ou “Nous avions prévu un grand trajet de formation au leadership avec un kick-off pour 100 collaborateurs. C’est très difficile à prévoir en ligne, et nous avons donc un gros retard à rattraper. Nous parvenons à travailler virtuellement pour les formations en langue et le coaching individuel. Les participants à nos formations “software” (spécialisées sur Excel) veulent continuer dans un format en salle et pas virtuel.

Possibilités

Où pouvons-nous voir tant d’opportunités ?
Tout d’abord, ce moment représente une occasion de stimuler l’apprentissage en ligne (et la créativité) et d’encourager l’onboarding à distance. On appelle cela l’expérimentation forcée.
Un commentaire à ce sujet : “La crise va-t-elle rendre la situation difficile ? La question est de savoir s’il existe suffisamment d’orientations pour guider également les employés dans cette nouvelle façon d’apprendre et de se développer“.

Certains managers semblent être passés aux options numériques. Il en va de même pour le télétravail.  En outre, ces professionnels du L&D bénéficient déjà (“une fois le tsunami des questions passé”) de plus de temps pour établir des priorités, approfondir leurs propres connaissances, établir des feuilles de routes, rédiger leur vision, prospecter, archiver, etc.
Cette crise est l’occasion de renforcer son leadership. C’est aussi une période particulière : “Cette crise oblige les dirigeants à faire preuve de leadership dans une situation à laquelle ils n’ont jamais été confrontés auparavant“.

Les consultants externes, qui voient principalement des difficultés, pensent également à la promotion de l’apprentissage en ligne – comme une alternative ou une valeur ajoutée au blended learning ou à un apprentissage mixte. Ils réfléchissent également à des initiatives qui vont au-delà de l’éducation. Enfin, ils voient dans cette crise l’occasion de remettre en question leurs propres services, d’expérimenter la technologie et de développer leurs propres compétences.

Jusqu’à 95% du personnel L&D travaillent pour des entreprises pensent que la crise du Coronavirus va finalement renforcer le secteur du L&D. Les professionnels indépendants du L&D sont moins optimistes : 56% d’entre eux pensent que la crise va renforcer le secteur.

Epargner et investir

Face à la crise, les professionnels du L&D ne restent pas assis, ils se préparent:

  • Une grande partie des répondants développe de nouveaux services en ligne.
  • Un peu moins de 20% réalisent des économies.
  • Cependant, 10% investissent également.
  • 3% sont à la recherche d’un nouvel emploi.
  • 9 % des consultants cherchent à créer du lien et rencontrer d’autres professionnels du L&D et 29% du côté des professionnels internes recherchent également ce lien.
  • Près de la moitié des membres internes du L&D profitent de cette période pour investir dans leur propre développement.

Et qu’en est-il des moyens ?

Comme mentionné ci-dessus, l’impact financier sur les prestataires de services L&D est énorme. Un tiers des fournisseurs interrogés s’attendent à perdre entre 50% et 100% de leur chiffre d’affaires en 2020.

Les professionnels du L&D au sein des entreprises se sentent mieux équipés en termes de connaissances et de compétences pour proposer des solutions résistantes à la crise du Coronavirus (60%) contre 50% chez les prestataires de services. Les professionnels internes disposent également de plus de temps et de budget : 57% contre 34% chez les consultants L&D. Cela signifie que dans deux tiers des cas, les fournisseurs n’ont pas les ressources nécessaires pour travailler sur de bonnes solutions. Par conséquent, ils voient l’avenir sous un jour plus sombre : la grande majorité des ressources de L&D diminuent pendant la crise du Coronavirus, et 56% d’entre eux pensent que cela continuera à être le cas par la suite. 35% du personnel interne du L&D voient maintenant ses ressources diminuer, mais ce groupe pense que tout reviendra à la normale à la fin de la crise.

Plus d’informations

Vous souhaitez discuter de ces chiffres avec nous ?
Nous organisons un webinaire ce mercredi 1er avril de 10h à 11h (NL) et de 15h30 à 16h30 (FR).

Comment ces expériences vont-elles évoluer au cours des semaines ? L’enquête reste ouverte afin que nous puissions continuer à prendre le pouls et vous informer rapidement.